Inspiré de deux récits de l’auteur soviétique Andrei Platonov, longtemps condamné, La Voix solitaire de l’homme, le premier long métrage de Sokurov, a été interdit pendant dix ans. Ce film explore la relation manquée d’un jeune vétéran deséquilibré de la guerre civile des années vingt et d’une jeune femme peu orthodoxe.

Une atmosphère étrange et poétique, la vision singulière d’une localité oubliée des hommes et de Dieu, perdue au fond de l’Asie centrale… Sokourov crée « un monde d’après la fin du monde, où il faut apprendre à survivre en parlant à un mort, en apprivoisant des serpents exotiques, et même en rencontrant un ange sous l’apparence d’un enfant. »

Cette adaptation de Madame Bovary a reçu le Grand Prix Festival de Dunkerque et le Prix d’Interprétation féminine en 1993.

« Moloch est un grand film car il se maintient au niveau de la représentation. Plus que jamais, le cinéma de Sokourov repose sur les qualités transcendantes des images, usant à la fois de leur pouvoir d’artifice et de réalisme. »

Nouvelle parabole sur la redistribution du pouvoir : Lénine, sa femme, sa soeur, le docteur, les gardes et le futur successeur, Staline, sont représentés avec une précision documentaire mais aussi dans une recherche d’abstraction poétique.

Projection unique présentée par Gérard Conio vendredi 30 octobre à 20h30

Conférence de Gérard Conio le même jour à 18h30 : "Alexandre Sokourov, cinéaste de l’intranquillité" (entrée libre).
Gérard Conio est Professeur émérite de l’Université de Nancy. Agrégé de lettres modernes, il enseigne à l’université de Besançon puis de Nancy II où il est responsable de la section de russe et de serbo-croate. Il est également traducteur de nombreux auteurs russes et auteur de nombreux ouvrages sur l’art et le cinéma.

« Père, fils donne une fois encore ce sentiment d’oeuvre habitée par quelque chose qui n’est plus tout à fait humain, un hédonisme démoniaque, où l’amour porté aux créatures et aux choses d’ici-bas se double d’une volupté morbide, le désir de pénétrer en tremblant les entrailles rouges de la mort. »

« Porté par ses constantes recherches visuelles (…) Sokourov fait du portrait de Hiro Hito l’évocation onirique d’un homme-enfant. Le choix de saisir l’empereur au moment où ce dernier renonce à son ascendance divine donne naissance à un pur corps de cinéma traversé de mille courants contradictoires. »

« Alexandra n’est pas un film à charge (…) et c’est sans doute ce qui rend son appréhension flottante et difficile. Mais c’est aussi ce qui en fait toute sa beauté. »

En avant-première dimanche 1er novembre à 16h30, présenté par Pierre-Olivier Bardet, producteur du film

ALBERT SERRA PARLE DE SOKOUROV
La séance sera précédée à 15h par une rencontre avec Albert Serra, réalisateur, entre autres, de Honor de cavallería, d’après Don Quichotte de Cervantès, et en 2013 de Histoire de ma mort, inspiré par les personnages de Casanova et Dracula (Leopard d’or au festival de Locarno). Grand admirateur de son aîné russe Alexandre Sokourov, Albert Serra aime aborder les figures historiques et celles du pouvoir en particulier. Comme celui de Sokourov, son cinéma se situe dans une approche avant tout esthétique et picturale, nourrie par la longue histoire des arts et des repérsentations.
Entrée libre.


DOCUMENTAIRES :

La sélection et le montage des documents d’archive fournissent un contexte historique plus large que le simple portrait biographique initialement prévu pour ce film. Sokourov composa en effet un requiem tragique pour l’artiste, dont le travail se heurta à l’idéologie officielle. Le parcours de Chostakovitch traverse les moments cruciaux de la vie sociale de la Russie soviétique et invite le réalisateur à réfléchir à la tragique prédestination de l’artiste, toujours seul, mais inséparable de son époque et de son pays.

Élégie de Moscou fut réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de Tarkovsky, célébré par l’Union des Cinéastes Soviétiques. Terminé après la mort du réalisateur, le film est une perception subjective du grand cinéaste et de son destin, replacé dans un contexte historique. La volonté de Sokourov était de proposer une approche plus humaine du personnage et de le faire à la fois avec précision et tendresse, sans chercher à embrasser tous les aspects de sa vie et de son oeuvre.

Qui est cette vieille femme japonaise qui vit seule et dans le plus grand dénuement au milieu des montagnes ? Filmée au plus près comme pour en percer le mystère, elle reste silencieuse tout en cousant des kimonos. Dans une image trouble et brumeuse, le film oscille entre les gestes du quotidien et les pensées mélancoliques du réalisateur…

« Sans doute faut-il voir le nouveau chef-d’oeuvre d’A. Sokourov (Lion d’or du Festival de Venise) comme le moyen qu’aurait trouvé le cinéaste de penser synthétiquement, en un film, tout le XXe siècle. »