Aux côtés de Martin Scorsese, Brian De Palma ou Abel Ferrara, Francis Ford Coppola a été l’un des plus illustres représentants d’un cinéma dit « italo-américain », qui a donné de nombreux chefs-d’œuvre dans les années 1970 et 80, et jusqu’aux années 90. Avec Le Parrain, triomphe du box-office sorti en 1972, Coppola a donné naissance à une saga qui connaîtra deux suites tout aussi brillantes. Apocalypse Now, film démesuré sur la guerre du Vietnam cette fois, achèvera de faire entrer Coppola au Panthéon des plus grands cinéastes du Nouvel Hollywood. Tout au long de sa carrière Coppola n’a cessé de marcher sur un fil, alternant succès commerciaux et échecs cuisants (celui du pourtant magnifique Coup de cœur ruinera Coppola et son studio, Zoetrope), films à gros budgets et petits budgets, films de commande et œuvres personnelles, finançant les uns avec l’argent des autres, n’hésitant pas à se lancer dans les expérimentations esthétiques les plus folles et les plus audacieuses. Pour commencer l’année 2026 l’Institut de l’image vous propose de revenir sur cette filmographie exceptionnelle, à l’occasion de la réédition de plusieurs films en copies numériques restaurées.
Image en haut de page : The Outsiders (1983)
La saga d’une famille de la Mafia italo-américaine d’origine sicilienne, les Corleone, dirigés par Don Vito, dont l’un des trois fils refuse de participer aux « affaires » de la famille…
« Le Parrain est un film inusable. (…) Mais comment parler d’un tel mythe aujourd’hui ? En y voyant tout simplement, au-delà de la maestria cinématographique à raison tant vantée, l’histoire universelle d’un individu ordinaire, pris au piège du milieu et d’une société dans lesquels il évolue et auxquels il ne pourra jamais échapper. »
Virtuose de la prise de son, Harry Caul est chargé d’enregistrer la conversation d’un couple en promenade à San Francisco. De retour chez lui, il lui semble comprendre, à l’écoute des bandes, que les jeunes gens courent un grave danger…
« La question posée par le film n’est-elle pas celle-ci : une visibilité et une audibilité parfaites entretiennent-elles le moindre rapport avec la vérité ? Conversation secrète, c’est un peu Michelangelo Antonioni revu par Jacques Tati. »
Depuis la mort de Don Vito Corleone, son fils Michael règne sur la famille. Échappant de justesse à un attentat, Michael tente de retrouver le coupable. En parallèle, le film retrace l’arrivée à New York et l’enfance de Vito Corleone…
Le Parrain 2 réussit le tour de force d’être à la fois un préquel et une suite, et de raconter dans un double mouvement l’ascension de Vito Corleone et la dérive tragique de son fils Michael bien des années plus tard.
Au cœur du conflit vietnamien, l’odyssée du Capitaine Willard, chargé par ses supérieurs de retrouver le Colonel Kurtz, un ancien béret vert régnant sur une armée de fanatiques quelque part dans la jungle, au-delà de la frontière cambodgienne…
Onirique, opératique, poétique, un voyage aux confins de l’horreur, dans sa dernière version dite « Final Cut ».
Présenté par François-Xavier Renucci, enseignant en Lettres, samedi 10 janvier à 17h15
Arrivée avec ses trois enfants aux Philippines le 1er mars 1976, Eleanor Coppola, à la demande de son époux, filme le tournage démesuré d’Apocalypse Now, enregistre, capte, écrit. Au final, soixante heures de rushes, quarante heures de bandes magnétiques, mais également un journal. Ce matériel dormira longtemps avant d’être utilisé par Fax Bahr et George Hickenlooper, qui réaliseront également, pour leur documentaire, des interviews contemporaines des protagonistes. Un témoignage exceptionnel non seulement sur le cinéma de Coppola, mais aussi sur le cinéma américain des années 70.
Suivi d’une discussion avec François-Xavier Renucci, samedi 10 janvier à 14h30
Las Vegas. Un déluge de lumières multicolores se répand sur un décor irréel, un paradis de la chance où tout peut arriver. Dans ce lieu construit pour le seul plaisir de jouer et de rêver, Hank et Frannie font le bilan de cinq années de vie commune…
« One from the Heart possède la fluidité d’un fleuve d’eau de la vie, resplendissant comme un cristal. C’est une comédie musicale où la danse n’est plus chorégraphiée, réglée au millimètre près. Ici, c’est la lumière qui danse, les néons qui bougent, les images qui s’animent, s’agitent, se fondent les unes dans les autres jusqu’à ce que le rideau tombe. »
À Tulsa (Oklahoma), 1965 : deux bandes rivales s’affrontent. D’un côté les Greasers, issus des quartiers pauvres, et de l’autre, les Socs, gosses de riches arrogants qui roulent en Cadillac. Au cours d’une bagarre, Johnny, un jeune Greaser, tue un membre des Socs…
Nous espérions pouvoir vous montrer le "dyptique de Tulsa", il faudra hélas se contenter d’Outsiders, Rusty James étant pour l’heure resté dans les cartons des distributeurs. Alors pour compenser, n’hésitez pas à venir voir deux fois Outsiders et ses couchers de soleil flamboyants en Cinémascope, l’un des plus beaux films de Coppola !
À 43 ans Peggy Sue est en instance de divorce. Un soir, elle se rend à la fête des anciens de son école, où elle fut couronnée reine jadis aux côtés de Charlie, son fiancé et futur mari. Alors qu’elle prononce un discours sur l’estrade, elle s’évanouit et se retrouve soudain renvoyée dans le passé…
« Discours sur le vrai et le faux, l’essentiel et le superflu, Peggy Sue… est un film construit en trompe-l’oeil, où les barrières d’espace et de temps s’abolissent au point d’offrir aux spectateurs (…) des ellipses insensées. »
Preston Tucker est un inventeur passionné, déterminé à bouleverser l’industrie automobile avec la Tucker Torpedo, une voiture novatrice, en avance sur son temps. Mais face aux lobbies automobiles de Detroit et à l’hostilité du gouvernement, son rêve se heurte à un système décidé à l’écraser…
Tucker, biopic brillant et inventif produit par George Lucas, s’inscrit dans la lignée des films de Frank Capra et fait le portrait d’une sorte de génie visionnaire dont l’histoire n’est pas sans rapports avec celle de Coppola lui-même.
En 1979, malgré son désir de faire rentrer ses affaires dans la légalité, le parrain de la mafia new-yorkaise Michael Corleone replonge dans la violence et la corruption après la trahison d’un de ses alliés…
Le 3e volet du Parrain, dans sa version voulue et remontée par Coppola en 2020, clôt dans la mélancolie l’une des sagas les plus grandioses de l’histoire du cinéma.
En 1492, le prince roumain Vlad Dracul, revenant de combattre les armées turques, trouve sa fiancée suicidée. Fou de douleur, il renie Dieu, et devient le comte Dracula, vampire de son état. Quatre cents ans plus tard, désireux de quitter la Transylvanie pour s’établir en Angleterre, il fait appel à Jonathan Harker, clerc de notaire et fiancé de Mina Murray…
Retour aux sources littéraires pour cette adaptation baroque du classique de l’épouvante de Bram Stoker. Avec Dracula comme avec Twixt, Coppola s’affirme dans le cinéma de genre avec la même virtuosité qu’ailleurs.
Un écrivain sur le déclin arrive dans la petite ville de Swann Valley pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Il se fait entraîner par le shérif dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille du coin…
Sous de faux airs de petit film, le dernier grand film de Coppola, hanté par le fantôme d’Edgar Allan Poe.
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